Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les yeux de chair et de sang

Entre le marteau du courage et l’enclume de la crainte

4 Décembre 2011 , Rédigé par Pape Lat Publié dans #Simulacres de réflexion

402739_10150483519038639_179760518638_8693494_1032104328_n.jpg     Dans l’écheveau de l’intellect, à travers les faisceaux de la réflexion humaine, l’homme a eu souvent à être tenu en lisière par une flopée de notions aussi loufoques les unes que les autres. Ces dernières que j’appellerai également les « joutes de l’esprit » ont, à bien des égards, l’opposition pour substrat et la dualité pour piédestal. Autrement dit, elles se manifestent des termes contraires, quelquefois antinomiques qui sont à la base de choix impérieux auxquels l’homme doit se soumettre et corrélativement, se plier aux exigences que lesdits choix impliquent. Qu’il s’agisse de l’amour et de la haine, du vice et de la vertu, de la liberté et de la contrainte ou encore du bien et du mal, vous conviendrez avec moi que la vie est délinéée de choix à faire et l’on se retrouve souvent enlisé dans le bourbier atrabilaire du dilemme cornélien. Mais puisque le dilemme est aussi vieux que le monde, l’on est toujours dans l’obligation de faire un choix, de donner voix au chapitre au cœur ou à la raison pour pouvoir sortir la tête de l’eau. «Toute chose a deux anses» nous enseigne Epictète et je dois avouer que rien ne m’ébloui et ne me fascine autant que ce combat sempiternel, cette lutte perpétuelle pour la connaissance ontologique qui poussent à atteindre la félicité et le bonheur, fussent-ils providentiels.

    

Toutefois, dans cette recherche cognitive, il n’en demeure pas moins une réalité qui peine à s’ancrer dans mon esprit inculte, à lever sa tacite opacité, occultée qu’elle est par l’inexpérience et l’ignorance qui m’habitent. Seulement, qu’il me soit permis de livrer, ici, mon analyse, du reste très subjective, par rapport à ces deux valeurs que sont le courage et la peur. L’échec s’annonce cuisant et j’entends d’ici le déluge d’anathèmes. Je vous demanderai, cependant, messieurs dames, de bien vouloir faire preuve d’indulgence face à la trivialité de l’argumentaire d’un jouvenceau de dix-sept piges qui s’est égaré dans les méandres revêches du courage et de la peur et que seule sa plume versatile pourrait sauver. Qu’à cela ne tienne… Je me lance.

    

Le courage et la peur, donc. Par quoi commencer ? Pour dire vrai, tous les deux m’attirent autant qu’ils m’émeuvent. Je cède fébrilement à la tentation. La peur à l’honneur !

    

Aussi loin que remontent mes souvenirs, je dois avouer que j’ai entretenu une relation plutôt tumultueuse avec ce sentiment et les aléas de la vie n’ont pas été de bonne augure quant à la consolidation de nos liens qui vont finir par s’éroder face à l’usure du temps. Comme tout un chacun, j’ai eu à avoir peur tout au long de mes dix sept printemps et je n’en ai nullement honte d’ailleurs. En fait, outre la peur, quelle autre posture adopter face à ce monde et à l’ignominie des hommes ? Oui, ces hommes dont les connaissances acquises rendent fats et imbus de préjugés, ces hommes que les versatilités de la vie transforment en êtres faméliques dénués de toute grande crédibilité. Faudrait-il encore laisser pour compte la peur face aux abjections et aux bassesses qui obstruent la vue des hommes ? L’humanité, elle, a, au moins le mérite d’être crédible, du moins plus que les hommes. Une peur bleue, quelquefois écarlate, m’a obnubilé à des moments bohémiens de mon existence, sur les layons aigres-doux de l’amour ou encore dans le bourbier acariâtre des doutes. Des fois, il faut oser avoir peur. La peur est une panacée. Elle est quoique rébarbative, légitime. Heureux soient ceux qui purent affronter les rebuffades et oser avoir peur !

    

Toutefois, je l’ai dit tantôt, mon périple avec la peur n’a pas fait long feu eu égard au fait que je fus contraint de la laisser poursuivre son petit bonhomme de chemin. Les intermittences et ma crainte de la peur me firent rencontrer au cours d’une évanescente escapade le courage. Nonobstant cela, le courage a pu, à travers les péripéties successorales de la vie, acquérir droit de cité allant même jusqu’à occuper une place névralgique dans mes actes. Par quelle éminence grise ? Je ne puis vous le dire. Tout ce que je sais c’est qu’elle a fini par me convaincre par le fait qu’elle incarne la prétention humaine dans ce qu’elle a de plus sublime : l’audace. Ce courage qui aide à se relever et à reprendre du poil de la bête face à la vilenie et à la méchanceté humaines. Ce courage qui enseigne la vaillance lorsque la situation tombe de Charybde en Scylla. Ce courage qui enseigne la plus forte, généreuse et superbe de toutes les vertus : l’espoir. Ce courage là est comme l’amour ; il veut l’espérance pour nourriture. « L’on ne peut répondre de son courage quand on a pas été dans le péril », me dirait La Rochefoucauld. Je le lui concède. Toutefois, j’estime que l’un des plus grands malheurs de l’humanité a été de prendre pour des lâches des braves qui craignaient l’inconstance humaine et pour braves des lâches qui craignaient la fuite. La crainte aussi bien que le courage sont légitimes et l’on ne devrait pas verser dans l’amalgame.

    

En guise d’épilogue, je dirais que selon qu’on hésite ou qu’on ose, l’on s’inféode à la peur ou au courage. Là réside l’éternel dilemme… En ce qui me concerne, je préfère la seconde option. Pauvre hère et candide bohème, j’estime qu’en cédant à la peur du mal, l’on ressent, déjà, hélas, le mal de la peur. Dussé-je choir dans l’apostasie sous le poids des vindictes.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
asser interessant man<br /> bonne continuation!
Répondre
P
<br /> <br /> Merci jeune homme.<br /> <br /> <br /> <br />